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500 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

tions, Saint-Just devait prochainement se charger de ce soin mais, en attendant, il réclamait pour l’accusateur public du tribunal révolutionnaire le droit de poursuivre les auteurs de ces menées, et de présenter à ce sujet, dans l’espace de trois jours, un rapport à la Convention. L’Assemblée y ayant consenti, FouquierTinville, accusateur public, donna le 9 mars quelques explications sur les affiches placardées à Paris enfin ce fut Saint-Just qui, le 13, porta le coup décisif, au nom du Comité de Salut public. Quoique son discours ne nommât encore personne, il ne laissait plus aucune incertitude. Après s’être élevé de la manière la plus précise contre les deux factions, séparées en apparence, qui for.maient la grande conspiration ourdie par les puissances étrangères contre les faux imitateurs de Marat et contre les cruels amis de l’humanité; après avoir déclaré qu’ils étaient tous démasqués et cernés, il fit proclamer digne de mort quiconque mettait obstacle au pouvoir et à la sécurité de la Convention ou du gouvernement révolutionnaire, propageait l’inquiétude au sujet des subsistances, donnait asile aux émigrés, ne dénonçait pas les conspirateurs, ou favorisait la corruption des citoyens et de l’opinion publique. C’était désigner et vouer à l’extermination tout adversaire politique, sans exception.

Ce furent les Hébertistes qui ressentirent les premiers effets de la tempête ainsi annoncée. Hébert, Vincent, Ronsin, Desfieux, Pcoli et quinze de leurs amis .furent arrêtés la nuit suivante et livrés au tribunal révolutionnaire. Le lendemain, ce fut le tour de Chaumette, procureur de la Commune, que Robespierre fit immédiatement remplacer par un nommé Payan, une de ses créatures. Le chef de la Commune, le maire Pache, était regardé comme si servile, et le ministre de la guerre, Bouchotte, comme si insignifiant, qu’on les épargna encore pour le moment. En revanche, Amar parut le 16 à la Convention avec un acte d’accusation contre Chabot, Bazire, Delaunay, et enfin contre Fabre d’Églantine, le plus détesté de tous les Dantonistes. L’attaque contre cette seconde faction fut encore plus manifeste lorsque, le 17, Saint-Just accusa Hérault de Séchelles d’avoir donné asile à un émigré. Hérault était membre du Comité de Salut public; il était évident qu’il fallait l’en exclure et lui enlever toute participation au gouvernement, avant de porter le dernier coup à son parti.