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BRUXELLES. FRANCFORT. LONDRES. S3 1 1 Il. 1 a

à côté des intérêts de l’Angleterre, il s’était activement occupé aussi du sort du peuple irlandais et de l’abolition de la traite des noirs. Toutes ces espérances, tous ces plans, dont la réalisation devait clore l’époque de 1088 et ouvrir une ère nouvelle pour l’Angleterre, se trouvaient renversés par l’approche de la Révolution. La guerre s’opposait à tout progrès sous le rapport financier, et, en présence de l’anarchie communiste, on ne pouvait plus songer à aucune réforme dans la législation existante. Les menées des Jacobins, en même temps qu’elles favorisaient les projets de conquête des Russes à l’est de l’Europe, reculaient donc d’un demi-siècle, à l’occident, les progrès de la vie constitutionnelle en Angleterre. Pitt le comprit, et il se détourna avec douleur du but qu’il avait poursuivi jusque-là. Il avait en main les preuves du projet d’attaque formé contre la Tour de Londres et les renseignements les plus positifs sur les détails principaux et sur les meneurs de ce complot révolutionnaire (1); il fallait qu’il s’occupât de garantir la sécurité de son pays; mais nous le voyons toujours se borner aux mesures qu’il regardait comme indispensables et accueillir avec empressement toute lueur de paix. En un mot, celui qu’un esprit de parti peu éclairé a représenté comme le fondateur de la coalition anti.francaise ne cessa jamais d’agir auprès des autres puissances pour s’efforcer d’apaiser leur colère et leur haine.

Le 1" décembre, une proclamation royale, préparée dans le plus grand secret, parut à Londres. Cette proclamation appelait sous les armes une partie de la milice et convoquait pour le 13 la Chambre des Communes, prorogée depuis quelques mois. Cet intervalle fut employé à fortifier le gouvernement, soit auprès des partis parlementaires, soit dans l’opinion publique. Il faut se rappeler ici d’où provenait alors l’opposition faite par les Whigs au ministère Pitt. Les Whigs du xvin" siècle avaient consisté en un groupe de familles aristocratiques, lesquelles avaient longtemps lutté contre le système monarchique du roi George H!, afin d’arriver au pouvoir. Après bien des alternatives de succès (1) Herbert Marsh a déjà avancé cela avec des détails précis; mais il a trouvé peu de créance, attendu qu’il se tait sur les sources de son assertion. Le fait cependant est complément confirmé par les dépêches hollandaises du grand pensionnan’e Spiegel et par celles d’Hogguer, ambassadeur à Saint-Pétersbourg.