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BRUXELLES. – FRANCFORT. – LONDRES. 57

Dumouriez reçut avec une véritable fureur les nouveaux ordres qui lui étaient donnés. l’ache ne lui parlait que d’appuyer CusUne; il faisait allusion à une menace contre le Luxembourg et à de graves raisons diplomatiques, mais sans les lui confier, comme s’il voulait prendre à tâche d’irriter la susceptibilité du général. Celui-ci répondit sur-le-champ que, Pache ayant ruiné son armée, il ne pouvait plus poursuivre les Autrichiens, auxquels d’ailleurs la Prusse, irritée par l’entreprise de Cusline, allait prêter un nouvel appui; qu’en conséquence, il protestait contre la décision du ministre, la considérant comme une chimère irréalisable. Pache eût été fort disposé à traduire l’impérieux général devant un conseil de guerre; mais la dépêche de Dumouriez fut presque immédiatement suivie de l’arrivée de l’adjudant Thouvenot, le confident le plus intime du général, qui venait donner et demander de plus amples explications. Après deux longs entretiens, tout s’arrangea pour le moment Thouvenot renonça à l’attaque de la Hollande, et déclara que son général n’avait refusé de marcher sur Cologne que vu l’impossibilité de trouver des moyens de subsistance. Le ministère abandonna donc toute idée de conseil de guerre, et ordonna que Dumouriez et Beurnonville prissent leurs quartiers d’hiver. Toutefois, le parti démocratique se sentait déjà si fort que, malgré cotte décision, Pache manda au général que le conseil des ministres persistait. dans ses projets d’occupation de la ligne du Rhin; sur quoi Dumouriez, obligé d’obéir en dépit de toute son amertume, poussa son avant-garde jusqu’à Aix-la-Chapelle; mais ta il s’arrêta, à la nouvelle de la retraite complète de Beurnonville. Cette fois, Pache n’osa plus enfreindre la décision du conseil; une suspension d’armes générale eut lieu, depuis Anvers jusqu’à Baie. La propagande qui visait à s’étendre sur le monde entier s’arrêta un moment dans son cours impétueux.

Quiconque aurait espéré, d’après cela, que l’ardeur des révolutionnaires était calmée ou abattue, se serait étrangement trompé. La République était déjà trop lancée dans les voies de la violence pour qu’il lui’fut possible de reculer. Les efforts faits pour établir une concorde universelle entre les peuples avaient échoué; cette déception avait eu pour résultat de provoquer la