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M 8 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

exclusivement le .commerce du blé aux marchés surveillés par l’État. Le 19 novembre, ces prétentions se firent jour, aggravées encore, dans une adresse des électeurs de Seine-et-Oise « Chaque paysan, y était-il dit, doit être tenu d’apporter au marché une part déterminée de sa moisson et de la vendre d’après la taxe fixée par l’État; il ne doit pouvoir posséder qu’une certaine quantité d’acres de terrain et n’employer qu’un nombre fixe de journaliers (1). » Une-semaine plus tard, la Commune de Paris fit entendre dans le même sens sa voix menaçante. Elle accusa la classe tout entière des capitalistes de chercher à anamer la nation en accaparant les provisions, et demanda qu’on prît des mesures pour anéantir les usuriers et pour donner aux autorités constituées seules le droit de fixer le prix des denrées nécessaires à la subsistance du peuple.

Que l’on réunisse toutes ces demandes, et l’on aura le véritable principe et le moteur de la politique terroriste. Les démocrates n’avaient pas poursuivi d’autre but pendant leur courte domination du mois de septembre; pendant trois ans, la lutte entre le parti démocratique et ses adversaires n’eut pas d’autre objet. Enfin, ce sont ces mêmes idées qui, désormais, serviront d’armes et de mot d’ordre à chaque nouveau coup d’État révolutionnaire.

Mais alors, le moment de leur triomphe n’était pas encore arrivé. Le souvenir des journées de septembre, que ces exigences faisaient revivre, appela à la résistance et à l’union tous les adversaires du parti communiste. La Gironde, dont les chefs se levèrent pour défendre la liberté individuelle et le droit sacré de la propriété, se vit soutenue par tous les indépendants. Barrère, qu’une prudence instinctive portait toujours à défendre le pouvoir, fit rendre le 26 un décret qui rappela les commissaires du gouvernement et les remplaça par des envoyés de la Convention. Féraud, Lidon, Lequinio, Barbaroux, défendirent avec chaleur la liberté illimitée du commerce et indiquèrent sans détours la (1) Tout ceci n’est pas rapporté dans le compte-rendu des débats donné par Buchez et Roux; cet ouvrage, d’ailleurs, indispensable parce qu’il contient une foule de détails inédits, ne peut suffire pour une étude sérieuse de la Révolution, car le choix des matériaux y est dicté presque partout par les tendances politiques des auteurs.