Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PROCÈS DE LOUIS XVI. 7~ T77i nn ~niF rwn ~n .w~ 1 r

rendu compte, ce qui ne doit pas nous donner une haute idée de sa perspicacité. Il était si évident que toute force nouvelle acquise par la Montagne était pour les Girondins une question de vie ou de mort, et que le procès de Louis XVI ne devait profiter qu’aux Jacobins, qu’on s’étonne de l’apathie que montra la Gironde, pendant plusieurs semaines, en présence de si graves événements. Elle éprouva maintenant ce que plusieurs des siens avaient déjà éprouvé au moment des massacres de septembre, elle ne reconnut le danger que lorsque déjà il menaçait sa propre tête, elle ne recula devant le crime que lorsqu’elle sentit le sol s’effondrer sous ses pas. Les Girondins étaient alors éblouis, eux les promoteurs de la guerre offensive, par leur projet de bouleverser le monde entier, projet qu’ils croyaient devoir être puissamment servi par l’abaissement de Louis XVI. Voila pourquoi ils hésitèrent longtemps, restèrent inactifs, puis enfin se divisèrent, et nous avons vu que ce fut un de leurs chefs qui, dans la délibération préliminaire, jeta la première pierre à la tête du roi. Peu à peu cependant la réflexion se fit jour. Les Jacobins avaient complètement atteint leur but, qui était d’exciter une nouvelle et ardente irritation chez les basses classes de la société. Le peuple des faubourgs, assourdi par d’incessants cris de trahison, inquiété par des menaces d’émeutes au sujet des subsistances et travaillé par des agents que Pache payait largement, frémissait de colère et ne se bornait plus à accuser les modérés. Les passions révolutionnaires s’enflammaient, plus ardentes que jamais. On vit se renouveler alors toutes les scènes qui avaient amené les premières catastrophes de la Révolution. Les orateurs populaires, les défenseurs de la vraie liberté telle que l’entendait la classe des prolétaires, reparurent montés sur les bornes des rues; les crieurs des halles et les femmes du club fraternel se remirent en mouvement; les attroupements, les menaces; les violences isolées, se produisirent de toutes parts. La question sociale, exploitée à la Convention contre le roi, l’était dans la rue contre la Gironde. On nommait Louis le chef des accapareurs et la Gironde leur bouclier, frappant ainsi du même coup le roi et les auteurs de sa chute.

Tel était l’état des choses à Paris lorsque se produisit dans les relations extérieures le changement dont nous avons parlé