Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

88 JMMMENCËME~T DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

Il est èvjdent qu’aucune assemblée législative, quel que soit d’ailleurs le parti qui y règne, ne peut accepter en silence de telles déclarations, a moins que l’exactitude n’en soit irréfutable et notoire. Dans ce cas même, ces fanfaronnades réitérées montrent clairement toute la profondeur du désordre politique qui régnait alors. Jusqu’où ce désordre ne devait-il pas aller, en effet, pour que le parti victorieux crût devoir rappeler sans cesse à la nation que la Convention avait voté sous la menace des baïonnettes? Ce parti savait qu’il s’était attiré irrévocablement l’horreur du pays, et que sa cause ne pouvait plus être défendue que par la force; il avait donc raison d’évoquer sans cesse le souvenir de ses menaces et de ses violences. Il n’avait plus qu’un mot à dire à la nation asservie « Oderint, ~Mm metuant! murmurez, mais tremblez »

La terreur régnait donc à la Convention; ce fuselle qui, le 16 janvier 1793, détermina l’Assemblée à voter d’une main tremblante le meurtre du roi. Dés le point du jour, les bandes de Maillard et de Fournier, les hommes du 6 octobre et du 2 septembre remplirent les cours et les abords de l’édifice. De longues heures s’écoulèrent dans les délibérations préliminaires, et ce ne fut qu’à dix heures du soir-que commença l’appel nominal. La saUe était faiblement éclairée les députés allaient et venaient dans un silence plein d’anxiété ou causaient à voix basse; dans les tribunes se pressaient les bandes armées des démagogues, buvant et fumant, entourés de femmes fanatisées, et lançant des invectives à travers la salle sombre chaque fois qu’un vote en faveur de la clémence était déposé. Personne ne conservait le moindre doute sur ce qui devait arriver si la condamnation à mort n’obtenait pas la majorité quelques-uns cependant se révoltèrent contre la contrainte qu’on cherchait a leur imposer et la bravèrent avec colère; mais la plupart succombèrent a la peur, soit qu’ils tremblassent pour leur propre vie ou pour l’avenir de la patrie. Vergniaud qui, la veille encore, avait vu les défenseurs du roi et leur avait témoigné toute son horreur pour une condamnation, devait « abjuré les erreurs dangereuses. Mais ils virent, ils s’indignèrent de l’audace avec <f laquelle les députés calomniateurs les avaient trompés. Ils se réunirent aux Jaco«  bins, célébrèrent avec les Parisiens une fête civique sur la place du Carrousel, « où ils avaient forcé de se rendre _Ie bataillon de Marseillais égares par Barbait roux. La trame des conjurés fut rompue. »