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LE HUARD

vain quand elles sont ployées. Leur naissance ne fait pas le moindre relief sur son grand corps lisse. Ce sont plutôt des nageoires et, au besoin seulement des ailes, quand le danger, ou la faim, ou l’amour, le forcent à s’envoler.

Et alors quelle affaire ! C’est à y penser à deux fois que d’enlever ce plus lourd que l’air ; comme à l’avion, il lui faut du champ.

Agitant nerveusement la tête, il nage d’abord en vitesse, lui d’ordinaire si digne dans ses mouvements, déploie ses courtes ailes, bat tapageusement l’air d’un régime qui s’accélère, rase l’eau et décolle enfin, pattes raides en arrière. Sans dévier il prend peu à peu de l’altitude, puis, comme fier de son exploit, en plein vol, lance un long cri.

S’agit-il de descendre ? Il choisit soigneusement son champ d’atterrissage sur un lac poissonneux, et, au moment favorable, se laisse tomber lourdement à la surface, en freinant des pattes et des ailes. Aussitôt arrêté il jette encore un cri perçant.

Il semble tellement aimer l’eau qu’il ne peut la quitter sans un adieu, la retrouver sans un salut joyeux.