Qu’on voit trop qu’Honoric, par tout ce qu’il leur dit,
Les irrite plutôt qu’il ne les adoucit.
Madame, résolvez ; le péril, le temps presse ;
Lui céder, quelquefois n’est pas une foiblesse,
Dans les maux violents trop de rigueur perd tout.
Théodat est coupable, et le peuple l’absout ?
Si je puis l’endurer, je ne suis donc plus Reine ?
Non, pour ce nouveau crime il faut nouvelle peine.
À d’insolents mutins faisons tout redouter,
C’est lui, c’est Théodat qui les fait révolter,
Ils adorent son nom pour forcer la tempête,
Allez, menacez-les de leur porter sa tête,
Puis qu’il est leur idole, ils craindront pour ses jours.
Le mal que je prévois veut un autre secours ;
Et quoi que votre gloire…
Il faut qu’elle en décide ;
Faisons trembler le peuple, il est lâche et timide,
Ne perdez point de temps, Ataulphe.
Je crains bien,
Madame…
Allez, vous dis-je, et ne répliquez rien.
Scène III
Par ce fatal amour dont je suis abusée,
Tu vois, Gepilde, à quoi je me suis exposée.
J’ai trop laissé d’un lâche affermir le pouvoir,
Pour me chasser du trône il n’a plus qu’à vouloir.