M’oblige dans ces lieux à tenir la campagne.
Je suis à vous, souffrez que je vous accompagne.
Mais puis-je demander, sans me rendre indiscret,
Quel outrage reçu…
Ce n’est plus un secret,
Et je ne dois songer dans le bruit de l’offense,
Qu’à faire, promptement éclater ma vengeance.
Une Soeur, qu’au Couvent j’avois fait élever,
Depuis quatre ou cinq jours s’est laissée enlever.
Un Dom Juan Giron, est l’auteur de l’injure,
Il a pris cette route, au moins on m’en assure,
Et je viens l’y chercher sur ce que j’en ai su.
Et le connoissez-vous ?
Je ne l’ai jamais vu,
Mais j’amène avec moi des Gens qui le connoissent ;
Et par ses actions telles qu’elles paraissent,
Je crois, sans passion, qu’il peut être permis…
N’en dites point de mal, il est de mes amis.
Après un tel aveu j’aurois tort d’en rien dire ;
Mais lorsque mon honneur à la vengeance aspire,
Malgré cette amitié j’ose espérer de vous…
Je sais ce que se doit un si juste courroux,
Et pour vous épargner des peines inutiles,
Quels que soient vos desseins, je les rendrai faciles.
Si d’aimer Dom Juan je ne puis m’empêcher,
C’est sans avoir servi jamais à le cacher.
D’un enlèvement fait avecque trop d’audace
Vous demandez raison, il faut qu’il vous la fasse.
Et comment me la faire ?