Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/147

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ni de la Thrace ni de la Macédoine. Car, depuis que la Thrace était partagée entre Rhémétalcès et les enfants de Cotys, auxquels on avait donné pour tuteur, à cause de leur bas âge, Trébelliénus Rufus, ces peuples, peu faits à notre présence, étaient mécontents, et ils n’accusaient pas moins Rhémétalcés que Trébelliénus de laisser leurs injures sans vengeance. Les Célètes, les Odruses23 et d’autres nations puissantes, prirent les armes sous des chefs différents, égaux entre eux par leur obscurité ; ce qui, en tenant leurs forces désunies, nous préserva d’une guerre sanglante. Les uns soulèvent le pays, les autres franchissent le mont Hémus24, afin d’appeler à eux les populations éloignées ; les plus nombreux et les mieux disciplinés assiègent le roi dans Philippopolis25, ville bâtie par Philippe de Macédoine.

23. Les Célétes étaient divisés en majores et minores. Les grands Célétes habitaient au pied du mont Hémus, qui borne la Thrace vers le nord, et les petits au pied du mont Rhodope qui la traverse. — Les Odryses étaient plus voisins des sources de l’Hèbre, aujourd’hui la Maritza.
24. Le Balkan.
25. Maintenant Philippopoli, sur l’Hèbre, à environ 30 lieues ouest-nord-ouest d’Andrinople.

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À cette nouvelle P. Velléius, qui commandait l’armée la plus voisine, détache les auxiliaires à cheval et les cohortes légères contre les bandes qui couraient le pays pour le piller ou en tirer des renforts. Lui-même s’avance avec le gros de l’infanterie pour faire lever le siège. Tout réussit à la fois : les coureurs furent taillés en pièces ; la discorde éclata parmi les assiégeants, et le roi fit une sortie heureusement combinée avec l’arrivée de la légion. On ne saurait donner le nom de bataille ou de combat à une rencontre où fut massacrée, sans qu’il nous en coûtât de sang, une multitude éparse et mal armée.

Révolte en Gaule

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Cette même année les cités gauloises, fatiguées de l’énormité des dettes, essayèrent une rébellion, dont les plus ardents promoteurs furent, parmi les Trévires, Julius Florus, chez les Éduens, Julius Sacrovir, tous deux d’une naissance distinguée, et issus d’aïeux à qui leurs belles actions avaient valu le droit de cité romaine, alors que, moins prodigué, il était encore le prix de la vertu. Dans de secrètes conférences, où ils réunissent les plus audacieux de leurs compatriotes, et ceux à qui l’indigence ou la crainte des supplices faisait du