Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/267

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son propre sang, la haine d’une marâtre. Calliste soutint qu’un long divorce l’avait condamnée pour toujours, et ne ferait qu’enfler son orgueil si elle rentrait au palais ; qu’il valait beaucoup mieux y appeler Lollia, qui, sans enfants, et par conséquent sans jalousie ; servirait de mère à ceux de son époux. Pallas louait surtout, dans Agrippine, l’avantage d’associer à la famille impériale un petit-fils de Germanicus, bien digne d’une si haute fortune. Elle serait d’ailleurs le noble lien qui réunirait tous les descendants des Claudius, et une femme jeune encore, d’une fécondité éprouvée, ne porterait pas dans une autre maison l’illustration des Césars.

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Cet avis prévalut, appuyé des séductions d’Agrippine, qui, profitant de son titre de nièce pour visiter à chaque instant son oncle, prit sur lui un tel empire que, préférée à ses rivales, et sans avoir encore le nom d’épouse, elle en exerçait déjà l’autorité. Une fois sûre de son mariage, elle porte ses vues plus loin, et songe à en conclure un second entre Domitius, qu’elle avait eu de Cn. Ahénobarbus, et Octavie, fille de l’empereur. Ce projet ne pouvait s’accomplir sans un crime car Octavie était fiancée à Silanus ; et Claude, ajoutant à l’illustration dont brillait déjà ce jeune homme les ornements du triomphe et la magnificence d’un spectacle de gladiateurs, l’avait désigné d’avance à la faveur publique. Mais rien ne paraissait difficile avec un prince qui n’avait ni affection ni haine qui ne lui fût suggérée ou prescrite.

Problème : Silanus

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Vitellius, couvrant son artificieuse servilité du nom de censeur, et habile à pressentir l’avènement des puissances nouvelles, s’engagea dans les intrigues d’Agrippine, afin de gagner ses bonnes grâces. Il se fit le calomniateur de Silanus, dont la sœur Julia Calvina, belle, il est vrai, et libre en ses manières, avait été peu auparavant épouse de son fils. Ce fut le fondement de l’accusation : il tourna en crime un amour fraternel innocent, mais indiscret. Claude prêtait l’oreille : sa tendresse pour sa fille le rendait facile à prévenir contre son gendre. Silanus, alors préteur, ignorait le complot, lorsque tout à coup il est chassé du sénat par édit de Vitellius, quoique le choix des sénateurs et la clôture du lustre fussent achevés depuis longtemps. Claude, de son côté, rompt l’alliance conclue, et Silanus est forcé d’abdiquer la préture. Il lui restait un jour d’exercice, qui fut rempli par Éprius Marcellus.

An 49

A Rome

Une nièce peut-elle être l’épouse de son oncle ?

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Sous le consulat de C. Pompéius et de Q. Véranius, le