Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/270

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on engagea le consul désigné, Memmius Pollio, à proposer un sénatus-consulte par lequel Claude serait prié de fiancer Octavie à Domitius. Leur âge ne s’y opposait pas, et c’était un chemin ouvert à de plus grands desseins. Pollio répète à peu près ce qu’avait dit Vitellius au sujet d’Agrippine. Octavie est fiancée, et Domitius, joignant à ses premiers titres ceux d’époux et de gendre, marche désormais l’égal de Britannicus, grâce aux intrigues de sa mère et à la politique des accusateurs de Messaline, qui craignaient que son fils ne la vengeât un jour.

Les Parthes

Méherdate

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Dans le même temps les ambassadeurs des Parthes, venus, comme je l’ai dit, pour demander Méherdate, furent admis à l’audience du sénat. Ils exposèrent "qu’ils n’ignoraient pas nos traités et qu’ils ne venaient point comme rebelles à la famille des Arsacides ; qu’ils recouraient au fils de Vonon, au petit-fils de Phraate, contre la domination de Gotarzès, également insupportable à la noblesse et au peuple ; que, non content d’avoir assassiné frères, parents, étrangers, Gotarzès immolait maintenant les femmes enceintes et les enfants au berceau, tyran imbécile dans la paix, malheureux dans la guerre, qui voulait faire oublier sa lâcheté par ses barbaries." Ils ajoutaient "que leur alliance avec nous était ancienne et contractée au nom de la nation ; que nous devions secourir des amis qui, étant nos rivaux en force, nous cédaient par respect ; que, s’ils nous donnaient en otage les enfants de leurs rois, c’était afin de pouvoir, quand l’oppression lasserait leur patience, recourir au sénat et au prince, et leur demander un maître formé à notre école et plus digne de régner."

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Tel fut à peu près le discours des ambassadeurs. Claude, à son tour, parla de la grandeur romaine et des hommages qu’elle recevait des Parthes, s’égalant à Auguste, auquel ils avaient déjà demandé un roi, et sans faire mention de Tibère, qui cependant leur avait aussi envoyé des souverains. Puis, s’adressant à Méherdate, qui était présent, il lui conseilla de voir, dans lui-même et dans son peuple, non un maître et des esclaves, mais un chef et des citoyens, et de pratiquer la clémence et la justice, vertus que leur nouveauté même ferait chérir des barbares. Enfin il se tourna vers les députés et fit l’éloge de Méherdate. "C’était, disait-il, un élève de Rome, et sa modération ne s’était pas encore démentie. Du reste il fallait supporter le caractère dés rois, et l’on ne gagnait rien à en changer trop souvent. Rassasiée de gloire, Rome pouvait désormais souhaiter