Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/278

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son aïeul Agrippa qui, à l’époque où cette nation passa le Rhin, l’avait reçue dans notre alliance. Vers le même temps, une irruption des Cattes, accourus pour piller, jeta l’alarme dans la haute Germanie. Aussitôt le lieutenant L. Pomponius détache les cohortes des Vangions et des Némètes11, soutenues par des cavaliers auxiliaires, avec ordre de prévenir les pillards, ou de tomber à l’improviste sur leurs bandes éparses. Les soldats secondèrent habilement les vues du général ; ils se divisèrent en deux corps, dont l’un prit à gauche, et trouva les barbares nouvellement revenus du butin. La débauche où ils s’étaient plongés et l’accablement du sommeil les rendirent faciles à envelopper. La joie fut accrue par la délivrance de quelques soldats de Varus, arrachés, après quarante ans, à la servitude.

11. Nations venues de la Germanie transrhénane, et qui occupaient les pays de Worms et de Spire.

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Ceux qui s’étaient avancés à droite et par des chemins plus courts, rencontrant un ennemi qui osa combattre, en firent un plus grand carnage. Tous, chargés de gloire et de butin, revinrent au mont Taunus, où le général les attendait avec les légions, dans l’espoir que les Cattes, animés par la vengeance, lui fourniraient l’occasion de livrer une bataille. Ceux-ci, craignant d’être enfermés d’un côté par les Romains, de l’autre par les Chérusques, leurs éternels ennemis, envoyèrent à Rome des députés et des otages. Pomponius reçut les ornements du triomphe, et c’est, auprès de la postérité, le moindre titre d’une gloire dont il doit à ses vers la plus belle partie.

Les Suèves

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A la même époque, le roi Vannius, imposé aux Suèves par Drusus César, fut chassé de ses États. Les premières années de son règne avaient été glorieuses et populaires. L’orgueil vint avec le temps, et arma contre lui la haine de ses voisins et les factions domestiques. Les auteurs de sa perte furent Vangion et Sidon, tous deux fils de sa sœur, et Vibillius, roi des Hermondures. Aucune prière ne put décider Claude à interposer ses armes dans cette querelle entre barbares. Il promit à Vannius un asile s’il était chassé ; et il écrivit à P. Atellius Hister, gouverneur de Pannonie, d’occuper la rive du Danube avec sa légion et des auxiliaires choisis dans le pays même, afin de protéger les vaincus et de tenir les vainqueurs en respect, de peur qu’enorgueillis par le succès