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A l’extérieur

Les Parthes

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Cependant le roi des Parthes, Vologèse, instruit des succès de Corbulon, et voyant l’étranger Tigrane placé sur le trône d’Arménie, voulait d’abord venger la gloire des Arsacides, outragée par l’expulsion de son frère Tiridate. Puis la pensée de la grandeur romaine et le respect d’une ancienne et constante alliance arrêtaient son esprit combattu. Naturellement temporiseur, il était encore retenu par la révolte des Hyrcaniens, nation puissante, et par les guerres sans nombre où cette défection l’avait engagé. Pendant qu’il flottait indécis, l’annonce d’une insulte nouvelle vint aiguillonner sa lenteur. Tigrane, sorti de l’Arménie, avait désolé l’Adiabénie, contrée limitrophe, par des ravages trop longs et trop étendus pour n’être qu’un simple brigandage. Les grands de ces nations s’en plaignaient avec amertume : "A quel abaissement étaient-ils donc descendus, pour se voir envahis, non pas même par un général romain, mais par l’audace téméraire d’un otage, confondu tant d’années parmi de vils esclaves ? " Monobaze, qui gouvernait l’Adiabénie, aigrissait leurs ressentiments en demandant à quels secours il devait implorer et à qui s’adresser. Déjà on avait cédé l’Arménie, et le reste suivrait, si les Parthes n’en prenaient la défense. Se soumettre aux Romains valait mieux que d’être conquis : on y gagnait un esclavage plus doux." Tiridate, détrôné et fugitif, faisait, par le silence ou des plaintes mesurées, une impression plus forte encore : "Non, ce n’était point par la lâcheté