et Vitellius prirent le parti d’envoyer des assassins, l’un en Germanie, l’autre à Rome, et tous deux sans succès. Les émissaires de Vitellius demeurèrent impunis, perdus qu’ils étaient dans une si grande multitude d’hommes inconnus l’un à l’autre. Ceux d’Othon furent trahis par la nouveauté de leur visage au milieu de soldats qui se connaissaient tous. Vitellius écrivit à Titianus, frère d’Othon, que sa vie et celle de son fils lui répondraient de la sûreté de sa mère et de ses enfants. Les deux familles furent respectées. On doute si de la part d’Othon ce ne fut point un effet de la crainte ; Vitellius eut, comme vainqueur, la gloire de la clémence.
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Le premier événement qui donna de la confiance à Othon fut l’avis reçu de l’Illyricum que les légions de Dalmatie, de Pannonie, de Mésie, venaient de lui jurer obéissance. Une nouvelle semblable arriva d’Espagne, et Cluvius Rufus en fut remercié par un édit. L’instant d’après, on sut que l’Espagne était passée sous l’autorité de Vitellius. L’Aquitaine, entraînée par Julius Cordus dans le parti d’Othon, lui fit un serment qu’elle ne garda pas davantage. Nulle part il n’y avait de fidélité ni d’affection : la crainte et la nécessité faisaient ou rompaient les engagements. La même crainte donna la province de Narbonne à Vitellius : on passe aisément à celui qui est le plus près et qu’on voit le plus fort. Les provinces éloignées et toutes les forces d’outre-mer restaient sous les lois d’Othon. Ce n’était point attachement à son parti ; mais Rome et le sénat étaient pour sa cause une recommandation puissante. Son nom d’ailleurs s’était le premier emparé des esprits. Vespasien dans la Judée, en Syrie Mucien, reçurent pour Othon le serment de leurs troupes. L’Égypte et toutes les provinces orientales le reconnaissaient également. L’Afrique n’était pas moins soumise ; c’est Carthage qui avait donné le signal. Sans attendre l’autorisation du proconsul Apronianus Vipstanus, Cressons, affranchi de Néron (car dans les temps malheureux cette espèce d’hommes se mêle aussi aux affaires publiques), avait offert à la multitude un banquet pour fêter l’avènement du nouveau prince ; le peuple fit le reste avec la dernière précipitation. Les autres villes imitèrent Carthage.
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Les armées et les provinces étant ainsi divisées, Vitellius avait besoin de la guerre pour se mettre en possession de la souveraine puissance ; Othon en faisait tous les