Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/575

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de mille cavaliers, avec ordre de franchir par des routes de traverse le pays des Sabins, et d’entrer dans Rome par la voie Salaria40, n’avait pas fait assez de diligence. Enfin la nouvelle du siège du Capitole vint tous les réveiller à la fois.

39. Maintenant Otricoli, dans le duché de Spolette.- Les Saturnales commençaient le 17 décembre et finissaient le 24.
40. La voie Salaria, ainsi nommée, dit-on, parce que c’est par là que les Sabins portaient à Rome le sel qu’on retirait des marais salants, aboutissait une porte appelée également Salaria, mais qu’on désigne aussi très souvent le nom de porte Colline.

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Antonius s’avança par la voie Flaminienne, et arriva aux Pierres-Rouges41 assez avant dans la nuit, apportant un secours tardif : là il n’apprit que de tristes nouvelles, Sabinus tué, le Capitole en cendres, Rome tremblante ; on annonçait en même temps que le peuple et les esclaves s’armaient pour Vitellius. La cavalerie de Cérialis venait, pour surcroît, d’éprouver un échec : ce chef courait sans précaution, comme sur des vaincus, lorsque les Vitelliens, cavaliers et fantassins entremêlés, les reçurent de pied ferme. Le combat eut lieu près de Rome, entre des maisons et des jardins, dans des routes sinueuses, connues des Vitelliens et qu’ignoraient les ennemis ; aussi ces derniers se troublèrent. Tous n’étaient pas d’ailleurs également disposés : dans le nombre se trouvaient des soldats de Narni, qui, fâchés de S’être rendus, épiaient la fortune Tullius Flavianus, préfet de cavalerie, fut fait prisonnier ; les autres s’enfuirent dans un affreux désordre, sans que le vainqueur les poursuivît au delà de Fidènes42.

41. D’Anville, Ann. géogr. de l’Italie, p.148, compte, de Rome au lieu appelé les Pierres-Rouges, une distance de 9 milles, un peu moins de 3 lieues et demie de poste.
42. Fidènes était à 5 milles environ de Rome, au lieu appelé aujourd’hui Castel-Giubileo.

Combats dans Rome

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Ce succès augmenta l’ardeur de la multitude ; la populace de Rome prit les armes : peu avaient des boucliers ; la plupart saisirent tout ce qui leur tombait sous la main et demandèrent le signal du combat. Vitellius les remercie et leur ordonne de courir à la défense de la ville ; ensuite on assemble le sénat, et on choisit une députation pour aller, au nom de la république, conseiller aux armées la paix et la concorde. Le sort de ces députés fut divers : ceux qui étaient allés vers Cérialis coururent les derniers dangers, le soldat ne voulant entendre parler ni de paix ni de conditions. Le préteur Arulénus Rusticus fut blessé, attentat que son mérite personnel