Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/600

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Les deux généraux, par une faute semblable, méritèrent leurs revers et manquèrent à leurs succès. Que Civilis eût envoyé au combat des troupes plus nombreuses, si peu de cohortes n’eussent pu les envelopper, et le camp de Gelduba était pris et détruit. Vocula de son côté n’éclaira point l’arrivée des ennemis ; aussi fut-il aussitôt vaincu que sorti de ses lignes. Ensuite, vainqueur trop peu confiant, il perdit plusieurs jours avant de marcher à l’ennemi, au lieu que, s’il se fût hâté de le poursuivre et de profiter de la fortune, il aurait pu, de ce premier élan, faire lever le siège de Vétéra. Cependant Civilis avait essayé sur les assiégés l’effet de la terreur, en feignant que les Romains étaient perdus et les siens triomphants. Il promenait sous leurs yeux nos enseignes et nos étendards ; il montra même les prisonniers, et l’un d’entre eux fit une action héroïque : il proclame d’une voix éclatante ce qui s’est passé, et tombe percé de coups par les Germains, vengeance qui confirma ses paroles. En même temps le saccagement des campagnes et les flammes des villages embrasés annonçaient l’approche d’une armée victorieuse. Une fois en vue du camp, Vocula ordonne qu’on plante les étendards et qu’on s’entoure de fossés et de retranchements, afin que, délivrés des bagages, on combatte sans embarras. A cet ordre, un cri s’élève contre le général ; les soldats demandent l’attaque, et ils ne demandaient plus sans menacer ; ils n’attendent pas même qu’on les range en bataille ; ils s’avancent pêle-mêle, fatigués, et engagent l’action : car Civilis les attendait, ne comptant pas moins sur les fautes de l’ennemi que sur le courage des siens. Les chances varièrent chez les Romains, et les plus séditieux furent les plus lâches. D’autres, se souvenant de leur victoire récente, tenaient ferme, frappaient l’ennemi, s’encourageaient eux-mêmes et leurs voisins. Le combat ainsi ranimé, ils tendent les mains vers les assiégés, leur faisant signe de ne pas manquer l’occasion : ceux-ci, qui voyaient