Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/613

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La hauteur en fut augmentée : c’est le seul changement que la religion sembla permettre, et la seule magnificence qui parut manquer à l’ancien temple, fait, comme le nouveau, pour contenir un si grand nombre d’adorateurs.

27. Les arbres agréables aux dieux, et de bon augure, étaient le chêne, l’yeuse, le liège, le hêtre, le coudrier, le sorbier, le figuier blanc, le poirier, le pommier, la vigne, le prunier, le cornouiller, l’arbre lotus. Il faut ajouter le laurier, l’olivier, la verveine, etc.
28. Le sacrifice d’un porc, d’un bélier et d’un taureau.

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Cependant la mort de Vitellius, annoncée dans les Gaules et la Germanie, avait ajouté la guerre à la guerre. Civilis, renonçant à la feinte, se lançait sur le peuple romain. Les légions vitelliennes aimaient mieux un étranger pour maître que Vespasien pour empereur. Les Gaulois avaient pris de l’audace à l’idée que la fortune de nos armes était partout la même ; car le bruit courait que les Sarmates et les Daces tenaient assiégés nos camps de Mésie et de Pannonie ; et l’on en supposait autant de la Bretagne. Rien surtout n’avait, comme l’incendie du Capitole, accrédité l’opinion que l’empire touchait à sa fin. "Autrefois, disait-on, Rome avait été prise par les Gaulois ; mais la demeure de Jupiter était restée debout, et l’empire avec elle. Ces flammes, au contraire, le destin les avait allumées comme un signe de la colère céleste et un présage que la souveraineté du monde allait passer aux nations transalpines." Telles étaient les vaines et superstitieuses prédictions des Druides. On s’était aussi persuadé que les nobles gaulois envoyés par Othon à la rencontre de Vitellius s’étaient promis, avant leur départ, de ne pas manquer à la cause de l’indépendance, si une suite continuelle de guerres civiles et de finaux domestiques détruisaient les forces du peuple romain.

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Avant le meurtre d’Hordéonius, il ne perça rien qui décelât une conspiration. Hordéonius tué, on vit des messagers aller et venir entre Civilis et Classicus, préfet d’un corps de cavalerie trévire. Classicus l’emportait sur les autres chefs en noblesse et en opulence ; il était d’un sang royal et d’une race également illustre en paix et en guerre. Lui-même se vantait d’être, par ses aïeux, l’ennemi plutôt que l’allié des Romains. Julius Tutor, de la cité des Trévires, et Julius Sabinus, de celle des Lingons, entrèrent dans le complot. Tutor avait été chargé par Vitellius de garder la rive du Rhin ; Sabinus, outre sa vanité naturelle, s’enivrait de l’orgueil d’une chimérique origine. Selon lui, sa bisaïeule avait plu à Jules César, pendant qu’il faisait la guerre dans les Gaules, et s’était prêtée à son amour. Ces trois chefs sondèrent les esprits dans de secrètes entrevues ; et, après avoir lié par une mutuelle complicité ceux qu’ils crurent propres à servir leurs desseins, ils tinrent une assemblée à Cologne dans une maison particulière :