Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/640

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Non loin de là sont des campagnes4 qui, dit-on, fertiles autrefois et couvertes de cités populeuses, ont été dévorées par le feu du ciel. On ajoute qu’il y reste encore des traces de ce fléau, et que la terre elle-même, dont la surface parait brûlée, a perdu la force de produire. Tous les végétaux, nés sans culture ou semés de main d’homme, avortent en herbe ou en fleur ; ou, s’ils parviennent à leur accroissement ordinaire, leur fruit noir et vide se résout en poussière. Je conviens que des villes jadis célèbres peuvent avoir été consumées par la foudre. Toutefois je pense que les exhalaisons du lac suffisent pour vicier le sol et corrompre l’air ; qu’ainsi les moissons et les fruits de l’automne sont gâtés par l’influence également pernicieuse de la terre et du ciel. Un second fleuve, le Bélus5, se décharge dans la mer de Judée. A son embouchure s’amassent des sables qui, fondus avec le nitre, se durcissent en verre. Cette plage est d’une étendue médiocre, et on y prend toujours sans jamais l’épuiser.

4. D’après la Genèse, ch. XIV, v.3, ces campagnes, autrefois couvertes de grandes villes, occupaient l’emplacement même du lac Asphaltite.
5. Pline, liv. V, ch, xix appelle Pagida sive Belus une petite rivière qui prend sa source au pied du mont Carmel, et se jette dans la partie de la Méditerranée qui baigne les côtes de Judée, non loin de Saint-Jean d’Acre ou Ptolémaïs, Les Arabes la nomment maintenant Nahr Halou.

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Une grande partie des Juifs est dispersée dans des, villages ; ils ont aussi des villes ; Jérusalem était la capitale de la nation. On y voyait un temple d’une richesse immense. Derrière un premier rempart était la ville, ensuite le palais des rois, et au fond d’une dernière enceinte, le temple. Le Juif n’était admis qu’à la porte de cet édifice ; nul, excepté les prêtres, n’en franchissait le seuil. Tant que les Assyriens, les Mèdes, les Perses, régnèrent sur l’Orient, les Juifs furent la portion la plus méprisée de leurs sujets. Quand les Macédoniens eurent l’empire, Antiochus essaya de les guérir de leurs superstitions et de leur donner les mœurs grecques. Ses efforts pour changer en mieux ce peuple abominable furent arrêtés par la guerre des Parthes ; car la révolte d’Arsace avait eu lieu à cette époque6. Les Macédoniens étaient affaiblis, la