Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/737

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comme parle Cicéron, cette école d’impudence. Nos enfants donc, pour revenir à notre propos, sont menés à ces écoles, où je ne saurais dire ce qui, du lieu même, ou des condisciples, ou du genre d’études, est le plus propre à leur gâter l’esprit. D’abord le lieu n’inspire aucun respect ; tous ceux qui le fréquentent sont également ignorants. Puis nul profit à tirer de condisciples, enfants eux-mêmes ou à peine sortis de l’enfance, devant qui l’on parle, comme ils écoutent, avec toute la sécurité de cet âge. Quant aux exercices, ils vont en grande partie contre leur but. Deux sortes de matières sont traitées chez les rhéteurs, les délibératives (suasoriæ) et les judiciaires (controversiæ). La première espèce, comme plus facile et demandant moins de connaissances, est abandonnée aux enfants. Les controverses sont réservées aux plus forts ; mais quelles controverses, bons dieux ! et quelles incroyables suppositions ! Or, avec des sujets où rien ne ressemble à la vérité, on ne doit attendre qu’un style déclamatoire et faux. C’est ainsi que les récompenses des tyrannicides, l’alternative offerte aux filles outragées, les remèdes à la peste, les fils déshonorant le lit maternel, et toutes ces questions qui s’agitent chaque jour dans l’école, rarement ou jamais devant les tribunaux, sont discutées par les élèves en termes emphatiques. Mais lorsqu’ils sont en présence de véritables juges…………

(Lacune considérable ; ce qui suit appartient au discours de Maternus).

Il s’occupait de la chose, il ne pouvait rien dire de bas ni de rampant.

XXXVI. « La grande éloquence est comme la flamme : il faut des aliments pour la nourrir, du mouvement pour l’exciter ; c’est en brûlant qu’elle jette de l’éclat. Les même causes favorisèrent aussi chez nos aïeux le talent de la parole. Les orateurs de nos jours ont sans doute obtenu les succès qu’ils pouvaient se promettre sous un gouvernement régulier, paisible et heureux. Toutefois la licence et les troubles semblaient ouvrir de plus vastes espérances, alors que, tout étant confondu et l’État manquant d’un modérateur unique, chaque orateur était goûté en proportion de l’ascendant qu’il exerçait sur un peuple abandonné à lui-même. De là ces continuelles propositions de lois et cette ambition de popularité ; de là ces harangues de magistrats qui passaient presque la nuit à la tri-