Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/10

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Quelques personnes ont pensé que Tacite avait fait cet ouvrage plutôt d’après son imagination que d’après des renseignemens exacts. Sans doute la Germanie n’était pas connue des anciens autant que nous la connaissons aujourd’hui ; mais lorsqu’on retrouve, après dix-sept siècles, les mœurs et les usages décrits par Tacite, non-seulement dans ces contrées, mais même dans les pays où se sont transportés ces peuples conquérans, faut-il d’autres preuves de l’extrême exactitude de leur historien ? Il en résulte même le plus grand éloge que l’on puisse faire de sa sagacité, puisqu’il est prouvé par cela même que Tacite a su saisir, au milieu d’une foule de récits que l’on faisait sans doute alors de ces nations nouvelles, les traits principaux qui devaient constituer à jamais le caractère de ces peuples.

Sans contredit, cet ouvrage est satirique ; mais la satire y est toujours indirecte : pas une seule apostrophe ; ce ne sont point les transports de Juvénal, ni les plaintes de Perse, ni les honteuses peintures de Pétrone ; et l’on reconnaît ici cette sagesse qui brille dans tous les écrits de Tacite.

On pourra trouver les notes trop nombreuses ; j’avouerai même que c’est avec quelque peine que j’ai surchargé de tant d’accessoires un écrit dont la plus grande beauté est sa simplicité. Mais j’ai cru qu’il serait de quelque intérêt de voir réunie, à ces descriptions rapides de tant de peuples non civilisés, une partie de la suite de leur histoire, et d’établir quelques rapprochemens entre leurs mœurs et celles d’autres nations du globe.

Cet ouvrage si court dut étonner les Romains : ils y