Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chaque arbre était arrosé de sang humain. » Maxime de Tyr (xxxviii) rapporte que les Celtes adoraient le chêne, et qu’ils l’appelaient du même nom que Jupiter. Ce culte subsista dans les siècles suivans : nous avons de Luitprand, roi des Lombards, une loi sur les devins, qui fixe le prix que paiera celui qui aura fait quelque sacrilège ou quelque enchantement auprès des fontaines, ou d’un arbre que les paysans regardent comme sacrés. Les Romains avaient aussi des bois sacrés. (Plin., De arboribus, lib. xii, cap. i, et Senec., ep. 41.)

X. Ils détachent une baguette. Les Romains avaient divers modes pour connaître les évènemens futurs : c’étaient des dés de bois ; on les faisait rouler, et, d’après le point qu’on amenait, les prêtres prédisaient ce qui devait arriver. Tacite rapporte que, pour deviner l’avenir, les anciens Germains se servaient de petits bâtons qui avaient une entaille à l’extrémité, et, comme les Chinois, ils les jetaient trois fois, en cas qu’ils ne fussent pas contens de ce qu’ils leur avaient d’abord annoncé. (Voyage de J. Barrow, tom. ii, pag. 283.) — Sur l’autel de chaque temple on voit une coupe de bois remplie de bâtons, sur les bords desquels il y a certains caractères. L’homme qui veut consulter le sort prend la coupe dans ses mains, et la remue jusqu’à ce qu’un des petits bâtons tombe à terre. Après avoir examiné le caractère tracé sur le petit bâton, il cherche ce même caractère dans un livre qui est suspendu aux murailles du temple. Le sort est consulté de cette manière à plusieurs reprises : si en trois fois il sort de la coupe un bâton heureux, on le regarde comme un augure favorable. (Ibid., pag. 325.)

Lorsqu’ils cherchent à connaître le résultat de guerres importantes. Des peuples qui croyaient que le combat singulier réglerait les affaires publiques, pouvaient bien penser qu’il pourrait encore régler les différens des particuliers. (Esprit des lois, liv. xxviii, chap. 17.) — Les combats singuliers usités chez les Germains se retrouvent également dans les lois saxonnes. (Mém, inéd. sur la chev., par A. Delaborde.) — Un Teuton défia Marius en combat singulier, et lui proposa de décider ainsi du sort des deux armées. (Frontin, Stratag., liv. iv, chap. 7.)

XI. Les chefs délibèrent sur les affaires. Les nations germa-