Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/184

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quêtes ; Tibère soumit les Marcomans et les Chérusques ; mais les Germains, bien loin de se laisser abattre, semblaient reprendre sans cesse de nouvelles forces. Commandés par Arminius, ils attaquèrent, au milieu de leurs forêts profondes, Varus, envoyé par Auguste, et taillèrent en pièces ses trois légions : Germanicus consola Rome d’un si grand désastre, et défit Arminius sur les bords du Weser. La politique entretint habilement des discordes parmi ces peuples, qui ignoraient l’art de la dissimulation, et dont plusieurs se soumirent d’abord à des tributs ; mais bientôt ce joug leur pesa, ils se révoltèrent, furent soumis par Galba, se révoltèrent de nouveau, et, toujours poussés par cet amour des combats dont Tacite les a dépeints sans cesse tourmentés, ils vinrent ravager les côtes de la Belgique, et battirent Cornelius Fuscus. Ce fut trois ans après ce désastre que Tacite, sous le second consulat de Trajan, en l’an huit cent cinquante-un de Rome, et quatre-vingt-dix-huit ans après Jésus-Christ, écrivit son ouvrage sur les Germains.

Que d’évènemens ont suivi cette époque ! Rome avait conquis tout le monde connu ; les Germains s’emparèrent des conquêtes des Romains. De tous côtés se forment leurs confédérations ; sans cesse la paix est conclue et aussitôt rompue ; ils s’entraînent les uns les autres ; leurs incursions menacent l’empire de toutes parts ; on leur avait imposé des tributs, ils reçoivent un tribut annuel pour ne point attaquer l’empire ; ils traversent tous les fleuves, ils pénètrent partout : portant en tous lieux l’effroi et la désolation, ils refusent la paix, et l’empereur Gallus, suppliant, l’achète d’eux au prix qu’ils imposent. Leurs nombreuses tribus forment de vastes coalitions qui inondent la Gaule, l’Italie, l’Espagne, et s’élancent jusque sur l’Afrique ; on les voit de toutes parts, tels que les a montrés Tacite, méprisant le travail, appelant les combats et les blessures, prenant des noms qui inspirent d’abord l’effroi, celui de Germains, qui signifie hommes avides de guerre, celui & Allemands 9 d’hommes de courage par excellence, celui de Francs ou d’hommes libres, qui ne veulent ni obéir ni payer de tributs. Le Pont-Euxin n’est pas à l’abri de leurs ravages : ils pillent la Bithynie, dévastent la Grèce ; en vain Claude leur tue trois cent mille hommes, ils reparaissent sur l’Hellespont, prennent Athènes, ravagent la Béotie, l’Arcadie et l’Epire. On marche pour les arrê-