Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/205

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une juste mesure d’économie et de magnificence, et il sut, en s’éloignant de la profusion, se rapprocher davantage de l’estime publique. Ensuite, choisi par Galba pour reconnaître les offrandes des temples, ses diligentes recherches ne laissèrent à la république d’autres sacrilèges à ressentir que ceux jadis commis par Néron.

VII. L’année suivante affligea son âme et sa famille par une perte cruelle. Des soldats de la flotte d’Othon, portant çà et là leur licence, et dévastant, comme pays ennemi, l’Intemelium dans la Ligurie, assassinèrent, au sein de ses domaines, la mère d’Agricola, pillèrent ses propriétés et une partie de son patrimoine, seul motif d’un tel meurtre. Agricola se rendait aux solennités de ses funérailles, quand il fut surpris par la nouvelle que Vespasien aspirait à l’empire, et aussitôt il passa dans son parti. Mucien dirigeait les commencements de ce règne, et gouvernait dans Rome : Domitien, fort jeune encore, n’avait usurpé de la puissance de son père que la licence pour ses vices. Mucien choisit Agricola pour faire des levées ; sa conduite intègre et habile lui mérita bientôt le commandement de la vingtième légion, qui avait tardé à prêter le serment, et dans laquelle son prédécesseur passait pour agir séditieusement. Elle était en effet, même pour les lieutenants consulaires, redoutable et trop exigeante, et le lieutenant prétorien ne pouvait la contenir, soit sa faute, soit celle des soldats. Choisi pour lui succéder et punir, Agricola, par la modération la plus rare, aima mieux paraître les avoir trouvés que les avoir rendus fidèles.

VIII. Alors commandait en Bretagne Vettius Bola-