Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/213

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des habitans de la Calédonie, leur grande stature, attestent l’origine germanique. Le teint basané des Silures, leurs cheveux la plupart crépus, et leur position en face de l’Espagne, font croire que des Ibères ont jadis traversé ces mers et occupé ces demeures. Les Bretons les plus voisins des Gaulois leur ressemblent, soit que la force de l’origine se conserve, soit que, dans ces contrées qui s’avancent l’une vers l’autre, un même climat ait donné au corps une même conformation. Cependant, d’après les probabilités générales, il est croyable que des Gaulois ont occupé ce sol, rapproché du leur. Vous y découvrez leur culte dicté par la superstition ; le langage diffère peu ; même audace à chercher les périls, et, dès qu’ils sont présents, même terreur pour s’y soustraire. Cependant les Bretons offrent plus d’intrépidité, une longue paix ne les ayant pas encore amollis : car nous savons que les Gaulois ont aussi brillé dans les guerres. Bientôt l’apathie s’introduisit avec l’inaction : la perte de la liberté entraîna celle du courage ; c’est ce qui est arrivé aux premiers Bretons, jadis vaincus : les autres sont encore tels que furent les Gaulois.

XII. Leur force est dans l’infanterie : quelques peuplades se servent aussi de chars à la guerre : le plus noble conduit, ses vassaux combattent autour. Jadis ils obéissaient à des rois ; ils sont maintenant partagés entre divers chefs, par les brigues et les factions : et rien, contre les nations les plus puissantes, ne nous fut plus utile que leur défaut de concert. Rarement deux ou trois cités se réunissent pour repousser le péril commun : aussi, tandis qu’elles combattent séparément, elles sont toutes vaincues. Le ciel est souvent obscurci