Page:Tacite - Oeuvres complètes, trad Panckoucke, 1833.djvu/217

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bitans et se fût emparé du rivage, peut paraître avoir montré la Bretagne à ses successeurs, non leur avoir livrée. Bientôt survinrent nos guerres civiles ; les armes de nos généraux se tournèrent contre la république : de là un long oubli de la Bretagne, même pendant la paix. C’était le plan d’Auguste ; ce fut une loi pour Tibère. Il est assez certain que l’empereur Caligula se disposait à entrer en Bretagne, sans la mobilité de son esprit avide de changements, et si ses grands préparatifs contre la Germanie n’eussent été un vain projet. L’empereur Claude accomplit l’entreprise en transportant en Bretagne des légions et des auxiliaires, et en associant à l’expédition Vespasien. Ce fut le commencement de la fortune qui l’attendait : des nations furent domptées, des rois captifs, et Vespasien désigné par les destins.

XIV. Le premier consulaire envoyé fut Aulus Plautius, et, peu après lui, Ostorius Scapula, tous deux excellents hommes de guerre ; peu à peu fut réduite en forme de province la partie de la Bretagne la plus voisine : on y établit de plus une colonie de vétérans. Le roi Cogidunus, qui jusqu’à nos jours est resté très fidèle, reçut en présent quelques cités : coutume ancienne et depuis longtemps pratiquée par le peuple romain, d’avoir pour instrumens de servitude même des rois. Ensuite vint Didius Gallus : il conserva les conquêtes de ses devanciers, et éleva seulement quelques forts plus avant dans le pays, pour se donner la renommée d’avoir agrandi son gouvernement. A Didius succéda Veranius, et celui-ci mourut dans l’année : après, Suetonius Paullinus eut deux ans de succès, soumit des nations, fortifia nos présides. Plein de confiance en ces dispositions, il alla attaquer l’île de Mona, qui fournissait des forces