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LV


Il était midi quand vous êtes parti.

Le soleil était ardent dans le ciel. J’avais fini mon ouvrage et j’étais assise solitaire sur mon balcon, quand vous êtes parti.

Des coups de vent m’apportaient, par instants, les parfums des prés éloignés.

Dans l’ombre les colombes roucoulaient sans se lasser et une abeille égarée dans ma chambre fredonnait les nouvelles des champs lointains.

Le village dormait dans la chaleur de midi.

La route était déserte.

Par accès soudains le bruissement des feuilles s’élevait puis s’évanouissait.

Je regardais le ciel et, tandis que le village dormait dans la chaleur de midi, je tissais dans le bleu les lettres d’un nom aimé.