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LXXIX


Souvent je me demande jusqu’à quel point peuvent se reconnaître l’homme et la bête qui ne parle pas.

À travers quel paradis primitif, au matin de la lointaine création, courut le sentier où leurs cœurs se rencontrèrent.

Bien que leur parenté ait été longtemps oubliée, les traces de leur constante union ne se sont pas effacées.

Et soudain, dans une harmonie sans paroles, un souvenir confus s’éveille et la bête regarde le visage de l’homme avec une tendre confiance et l’homme abaisse ses yeux vers la bête avec une tendresse amusée.

Il semble que les deux amis se rencontrent masqués et se reconnaissent vaguement sous le déguisement.