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XII


Si, pour t’occuper, tu veux remplir ta cruche, viens, ô viens à mon lac.

L’eau enserrera tes pieds et te babillera son secret.

L’ombre de la pluie prochaine s’étend sur les dunes et les nuages bas se reposent sur la ligne bleue des arbres comme sur tes sourcils les cheveux alourdis.

Je connais bien le rythme de tes pas, je l’entends battre dans mon cœur.

Si tu dois remplir ta cruche, viens, ô viens à mon lac.

Si paresseusement tu veux rester assise et laisser ta cruche flotter sur l’eau, viens, ô viens à mon lac.

La pente d’herbe est verte et plus loin les fleurs sauvages poussent nombreuses.

Tes pensées émigreront de tes yeux