Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/10

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Fables. D’autres semblent avoir une organisation plus parfaite, ou distinguée par une autre espèce de perfection qui les rend propres à réussir dans beaucoup de choses également. Jamais homme ne fut plus fait pour être mis au nombre de ces êtres privilégiés que Léonard de Vinci. D’une beauté rare, d’une force extraordinaire, il étoit extrêmement adroit à tous les exercices du corps : il avoit l’esprit si délié et si étendu, qu’on imagine qu’il eût été un génie dans tout ce qu’il eût entrepris. Il triompha de tous ses rivaux dans la musique, en tirant des sons enchanteurs d’une lyre d’argent qu’il avoit faite lui-même en forme de crâne de cheval. Personne n’improvisa plus facilement que lui en poésie, et n’acquit plus de réputation dans ce genre singulier : il réussit dans la chimie, dans les mathématiques, dans l’astronomie et l’architecture. Parmi ses ouvrages de sculpture, on parle surtout d’un modèle de cheval colossal fait pour la statue d’un duc de Milan, chef-d’œuvre brisé au milieu du tumulte des guerres civiles. On sait que mécanicien distingué, il composa un automate ingénieux et bizarre, pour l’entrée de Louis XII à Milan. Comme ingénieur et architecte, triom-