Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/124

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nant que l’art s’y montre moins : et ce qui le distingue principalement encore, est d’avoir réuni la grâce et l’énergie. On diroit que les hommes qu’il a peints, étoient ces héros que les poëtes nous représentent doux, sensibles, compatissans loin du champ de bataille, et terribles au milieu des combats. Il prit dans l’École de Rubens les principes et l’habitude d’un beau coloris, qu’il perfectionna à Venise, et qu’il rendit plus excellent encore par l’étude de la nature.

Rubens a senti fortement la poésie de la couleur, Van Dyck en a mieux saisi la finesse et la vérité. L’étude du portrait doit nécessairement obliger à faire des recherches profondes pour arriver à une exacte imitation de la couleur des objets représentés : comme c’est un des moyens de ressemblance, on s’y attache plus que dans tout autre genre : les meubles, les étoffes qu’on est obligé de faire d’après nature, rendent les yeux plus sensibles à sa véritable harmonie. Le genre historique ne sauroit exiger une aussi scrupuleuse exactitude. Le dessin de Van Dyck a de la chaleur et de la vérité ; il n’a pas autant d’énergie, il n’a pas un caractère si mâle que celui de Rubens, mais il est plus cor-