Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/13

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toit à son âme. Il ne croyoit pas que la grandeur, la beauté des pensées le dispensât de la beauté du fini ; et un de ses caractères distinctifs, est d’avoir réuni la chaleur de la composition et de l’expression, au fini extraordinaire des détails : voilà pourquoi plusieurs de ses ouvrages n’ont point été terminés. Son corps, tout vigoureux qu’il étoit, ne pouvoit supporter les efforts constant exigés par son esprit, pour arriver à la perfection qu’il cherchoit. Le désir de terminer et d’arrondir les objets lui fit prendre une manière souvent un peu trop polie ; et c’est un des caractères de la physionomie de son talent : une couleur trop également violette est encore une des choses qui le distinguent ; comme elle est ménagée avec beaucoup d’art, elle a une harmonie imposante, et a trouvé des imitateurs (on chérit jusqu’aux défauts de ceux qu’on aime) ; elle n’est pas moins défectueuse puisqu’elle est fausse. Peut-être le temps a-t-il enlevé à ses ouvrages une partie de leur fraîcheur ; peut-être n’avoit-on pas encore trouvé les moyens de rendre aussi durable qu’on l’a fait depuis, l’éclat de la peinture à l’huile, alors nouvellement inventée. Sans doute, les éloges donnés jadis à sa fameuse Gioconde