Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/138

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mirables pour la couleur ; il a souvent le ton le plus fin, le plus délicat, le plus vigoureux et le plus vrai. On trouve, cependant, qu’en général ses ouvrages ont une teinte trop égale et trop rousse. Ce reproche n’est pas sans fondement : mais quoique ce ton ne soit pas exactement celui de la nature, il a tant de force, il est si harmonieux, il est employé avec tant d’art, qu’il plaît à tout le monde, et qu’on ne désire guère qu’il soit autrement. Il peignoit souvent des objets éclairés au soleil, et quelquefois il s’est approché de bien près de ce ton auquel il est impossible d’arriver tout-à-fait. La lumière dorée du soleil, et les ombres qui semblent grises par opposition, l’ont peut-être entraîné dans une couleur jaunâtre un peu trop monotone, et qui peut égarer ses enthousiastes admirateurs. On est aussi fâché qu’il ait, quelquefois, employé un temps précieux à sacrifier tout un tableau pour imiter un morceau de métal ou un diamant ; il faut renoncer à une imitation impossible, et quand même on réussiroit, de pareils succès ne valent pas ce qu’ils coûtent.

Ses figures ressemblent à ces hommes singuliers, fantasques dans leurs manières de vivre et de s’habiller, qui commencent par faire