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BOURDON.


Beaucoup de réputations ne laissent à l’esprit aucun regret, parce qu’on est persuadé qu’elles ont été aussi loin qu’elles pouvoient aller ; on est assuré que les circonstances ont parfaitement secondé les intentions de la nature : telles sont, dans la peinture, celles du Poussin, de Michel-Ange, qui ont dû tirer de leurs dispositions tout le parti possible : telle est celle de Racine, de Corneille, de Voltaire, et de tant d’autres poëtes. Il est d’autres célébrités auxquelles on ne pense point sans une sorte de douleur, en songeant que les circonstances ont plus ou moins contrarié les moyens donnés par la nature ; celles de Raphaël, de le Sueur sont de ce genre ; tous deux ils moururent jeunes ; et laissant après eux une grande renommée, ils laissèrent aussi les regrets des ouvrages qu’ils auroient pu produire, et de la perfection qu’ils auroient pu leur donner s’ils avoient vécu davantage. Celle du Bourdon, qui cependant mourut âgé, est du même genre : la fatalité ne lui permit pas d’étudier, et l’on ne sait pas jusqu’où