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MICHEL-ANGE (BUONAROTI).


Lorsqu’on va parler de Michel-Ange, on sent se présenter à l’esprit une foule des idées que l’on auroit si l’on vouloit peindre un de ces êtres audacieux et puissans qui disputèrent à l’Éternel le trône de l’Univers. Si l’on a pu dire, en effet, que Raphaël étoit un ange, on oseroit presque dire qu’un génie infernal a voulu dans le corps de Michel-Ange passer 89 ans sur la terre. Il est du nombre de ces esprits robustes, élevés, à qui, par un mouvement spontané, on a donné le nom de génie. On peut le comparer à Milton, et surtout au Dante. Son principal caractère distinctif est dans la correction et la grandeur de son dessin. Entouré des belles statues antiques, il s’est inspiré de leurs formes sans les copier servilement ; en les imitant, il leur a donné les mouvemens que sentoit son âme vigoureuse ; c’est la force de cette âme et les études profondes qu’il avoit faites de l’anatomie qui ont enfanté ce style terrible, qu’on ne peut imiter sans devenir exagéré, gigantesque : c’est par cette route nouvelle qu’il