Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/212

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Sa manière de draper est extraordinaire sans être barbare ; elle a un genre de beauté singulière bien conforme au caractère de ses figures.

Le plus considérable, et l’un de ses ouvrages de sculpture les plus estimés, est la chapelle des ducs de Florence, où vivent encore dans le marbre Laurent et Julien de Médicis, et quatre autres figures qui représentent le Jour, la Nuit, l’Aurore, le Crépuscule, et qui tant de fois ont été l’objet des justes éloges de la prose et de la poésie : en voyant ces chefs-d’œuvres si élevés, si nouveaux, ce n’est pas l’admiration qu’on éprouve d’abord, c’est l’étonnement, c’est une espèce d’épouvante ; et si l’on admire, c’est avec une sorte de fureur. Sa fameuse statue de Moïse fait seule connoître la fière physionomie de son talent ; l’attitude est simple, l’ajustement est simple, la figure est terrible ; ce n’est pas seulement un législateur, c’est un enchanteur politique ; je ne sais quoi de magique, une sévère majesté fait frissonner le spectateur, et lui commande le respect ; il voit que ce corps est l’asile d’une âme sublime ; il reconnoît cette classe d’hommes, dont le génie puissant a maîtrisé les volontés