Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/214

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plus bel éloge qu’on puisse faire de cette peinture de la Chapelle Sixtine, c’est de dire qu’en la voyant, Raphaël agrandit sa manière.

Dans le même lieu, bien des années après, Michle-Ange a peint le Jugement Dernier, le plus célèbre de ses ouvrages… Garde ici le silence, impassible philosophie ; il est des occasions où tes sages conseils arrêtent l’impétuosité des élans du génie. Michel-Ange emporté dans la sombre immensité de son sujet, entend, et nous fait entendre les sons épouvantables des trompettes divines, annonçant la destruction aux mondes orgueilleux, éveillant les morts dans la poussière des tombeaux, et rassemblant tous les humains aux pieds d’un Juge terrible : il l’a vu, ce Juge inexorable ; il l’offre à nos regards, plaçant ses élus à sa droite, et précipitant les victimes de sa justice dans des abîmes affreux, où jamais n’entra l’espérance ; il nous transporte en de stériles vallées, où les corps reprennent leurs formes, où les ossemens blanchis se raniment et se lèvent ; il montre à nos regards cette barque fatale, guidée par l’impitoyable nocher, chargée d’infortunés déchirés par le désespoir ; il en-