Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/226

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temps héroïques de la chevalerie ; et aucun peintre n’offre à nos yeux, comme lui, les héros de l’Arioste, et ceux que le Tasse chanta depuis. Quoi qu’on en puisse dire, ses guerriers ne sont point ceux d’Homère ; ils ne sont point Ajax, Diomède, Achille, Agamemnon ; ils sont toujours Tancrède, Godefroi, Renaud, Roland, Maudricard, Argant ; ils sont ces épouvantables Maures, ces vaillans et singuliers paladins. Il nous montre ces lances, ces épées fameuses par de si grands coups, et ces illustres coursiers aussi extraordinaires que les maîtres qu’ils portoient. Parmi les femmes qu’il a peintes, on voit d’intrépides Bradamante, de généreuses Clorinde ; mais on n’y trouve point la belle Briséis, la tendre Iphigénie, la touchante et fidèle Andromaque.

On n’eut jamais un sentiment profond pour un art, sans être fait pour réussir dans presque tous les autres ; et peintre célèbre, Jules Romain fut aussi fameux architecte : de belles masses, des pensées fières et neuves, quelquefois bizarres, sont ce qui le distingue dans l’architecture. Il a élevé à Rome plusieurs édifices considérables : c’est surtout à Mantoue qu’entraîné par sa réputation, il a, comme