Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/261

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La jeune Médicis arrive pour être l’épouse d’un roi puissant : le peintre nous fera-t-il voir les échevins de Marseille, les députés de toutes les villes du royaume venant au-devant d’elle ? Non ; les dieux des mers guident eux-mêmes la riche galère qui la conduit dans nos ports ; la ville de Marseille, la France entière s’empressent de recevoir leur souveraine, et la ville, la France entière ne sont que deux figures.

Rubens veut peindre la naissance de Louis XIII : présentera-t-il Marie de Médicis environnée des tristes détails qu’entraîne la foiblesse humaine ? Elle est assise, appuyée sur la Fortune ; dans ses traits, fatigués par la douleur, brillent les rayons d’une douce joie ; cet enfant, l’espoir de la nation, destiné à commander à nos riches contrées, est confié par la Justice au génie de la santé ; l’ingénieuse allégorie instruit même le spectateur du nombre d’enfans dont la reine doit devenir la mère. En indiquant l’heure de la naissance du prince par Phébus à l’horizon, pressant ses divins coursiers et commençant sa carrière, que de noblesse Rubens donne à son sujet ! cet enfant qu’il vient de peindre, ce ne peut être que le fils des rois.