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VAN DER MEULEN.


Nommer Van der Meulen, c’est transporter l’âme au milieu des armées, et, pour ainsi dire, dérouler devant elle une longue suite de siéges, de combats, de conquêtes ; c’est rappeler le faste, la grandeur, la gloire de Louis XIV ; c’est rappeler des souvenirs toujours chers aux Français, ces temps, orgueil de leur patrie, étonnement du monde, et l’objet continuel des travaux de l’histoire, et de tous les arts du dix-septième siècle.

Van der Meulen doit être regardé comme le plus vrai et le premier des peintres de batailles modernes ; il est vrai dans l’ensemble, comme dans les détails. Son originalité est prononcée par les sujets qu’il a traités, et par la manière dont il les a peints. Un des caractères vraiment distinctifs de son talent, est d’avoir rendu exactement des formes françaises avec un coloris flamand : il n’a rien perdu de la beauté de la couleur de son pays, et il a parfaitement saisi l’air et l’esprit des personnages des temps et des lieux où il vivoit. Il a si bien senti la tournure et le mouvement de leurs corps et de