Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/290

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parés dans ses tableaux comme les habitans de la molle Ionie, et le manteau d’un apôtre y est agencé comme celui d’Alcibiade.

L’École Française a cherché long-temps à imiter la manière de Pietre de Cortone : mais sur les pas d’un modèle relâché, elle s’est bien égarée encore. Le peintre Italien se forma au milieu des restes imposans de l’antique maîtresse du monde, au milieu des ouvrages des plus fameux artistes modernes : il étoit presque contemporain des Carraches, du Dominiquin : il ne les suivit pas, sans doute ; mais il prit, sans y penser, quelque chose de leur physionomie et de leur accent ; et le grandiose qui l’environnoit a dû se montrer dans tout ce qu’il a produit ; les Français, au contraire, ajoutèrent à leur modèle toute la jolie afféterie de leurs cercles charmans. Le Cortone adopta dans les formes des femmes ce qui lui paroissoit le plus agréable ; il l’exagéra, le réduisit en principes, et peut-être le peignit de pratique ; les Français en firent autant ; mais comme les modèles de leur pays avoient un moins grand caractère, leur manière fut plus petite, elle arriva jusqu’au ridicule, et expira lorsqu’elle fit rire.