Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dirigé par le goût et par l’enthousiasme. Ses compositions ont de la raison et de la vérité, mais ce n’est pas celle qui convient aux différens instans de ses sujets ; elles ne sont point animées par cet élan de l’âme, source première du style héroïque ; ses expressions ne manquent pas de justesse, elles n’ont pas assez d’énergie et de noblesse : peu de peintres ont été plus vrais, beaucoup ont été plus grands peintres d’histoire que lui ; ce qui prouve que, dans tous les genres, l’imitation ne suffit pas ; disons mieux, Champagne n’imite pas aussi exactement qu’on le croiroit d’abord ; il manque dans une des choses principales, le mouvement, la vie ; il imite bien le corps, il ne saisit pas avec autant d’exactitude la flamme qui l’anime. C’est par l’imitation de cette vie de la nature, que des ouvrages très-incorrects dans beaucoup de parties ont le pouvoir de nous faire oublier tous leurs défauts : c’est l’imitation de ce mouvement qui est « le je ne sais quoi qui plaît, la grâce qui charme, le feu qui nous enflamme dans les chefs-d’œuvres de tous les arts : » ce mouvement est même plus ou moins puissant dans la nature, en raison de son plus ou moins de force. Cette femme, dit-on, n’est pas jolie, elle a