Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/61

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même peu d’esprit ; cependant tous les hommes en deviennent amoureux, elle a fait naître de violentes passions : eh ! en ignorez-vous la cause ? c’est qu’elle brûle d’un feu dévorant qui s’attache à tout ce qui l’approche. Ce souverain qui a fait de si grandes choses, qui a changé les destinées de plusieurs empires, croyez-vous que ce soit précisément par ses profondes connoissances, par un esprit supérieur, par des talens extraordinaires, par un courage invincible ; ces causes seules n’auroient jamais produit des effets aussi étonnans ; c’est la véhémence de ses passions, c’est la violence de son amour pour la gloire, qui maîtrisent toutes les facultés de son âme, et entraînent avec elles celles de tous les autres hommes. Cette force agissante, cette flamme céleste s’aperçoit sur tout ce que produit la nature ; elle a sans doute son espèce de forme ; l’imitation de cette vie est foible dans les ouvrages de Champagne ; c’est cette foiblesse qui rend froid en les voyant, même lorsqu’on n’y trouve que des choses à admirer ; quoiqu’il ait beaucoup de réputation, on est souvent étonné qu’il n’en ait pas davantage ; on ne le sera plus, en réfléchissant qu’un très-grand nom ne s’acquiert jamais sans chaleur, sans