Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/79

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Lorrain, ceux de Carle du Jardin ; en voyant dans ceux de Paul Potier, les paisibles troupeaux qui, sur des lits immenses de verdure qu’enrichissent de modestes fleurs, jouissent, sans prévoyance, de tous les bienfaits de la nature ; en voyant, presque vivans, ces bons animaux qui nous couvrent de leur laine, qui labourent nos champs, qui nous nourrissent de leur lait, et que nous payons, hélas ! de tant d’ingratitude !

On ne sauroit donc accorder trop d’éloges à Paul Potter, parfait dans son genre, et dont les talens ne donnent que des plaisirs qui peuvent devenir utiles, en inspirant aux hommes le goût de la vie pastorale. Siècle des patriarches ! rêve sacré des amans et des poëtes, pourquoi ton image n’est-elle plus que dans les tableaux ! Non-seulement il doit être placé au rang des plus grands peintres, mais il pourroit l’être encore parmi ces pasteurs renommés, qui, dans les temps héroïques, étaient savans, philosophes, chantres nobles de la nature, des mortels et des dieux, qui n’ont éclairé les hommes que pour les rendre meilleurs, et dont la gloire ne rappelle rien qu’on puisse leur reprocher.