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L’ALBANE.


L’Albane est un des peintres dont le nom sera connu des siècles les plus reculés, non-seulement parce qu’il avoit un grand talent, mais parce que la plupart des poëtes en ont parlé ; et ils l’ont célébré principalement à cause des sujets qu’il a traités. Il n’en a guère fait que de gracieux, il n’a guère représenté que des scènes heureuses, dont les descriptions sont agréables et poétiques. Ce sont des amours endormis dans un frais paysage, rencontrés par des nymphes de Diane, qui, profitant de l’occasion de se venger, s’emparent de leurs armes, et d’une main tremblante coupent le bout de leurs ailes, de ces ailes si rapides. C’est une foule de petits guerriers de Cythère, qui forgent, trempent, aiguisent leurs traits, s’exercent à les lancer au fond des cœurs, et s’enorgueillissent d’avance de leurs innombrables victoires. C’est Vénus, parée par les Grâces, et qui, de concert avec elles, dispose ces doux enchantemens qui triomphent des hommes et des Dieux. Peint-il les objets de la piété catholique ! Il présente Jésus enfant sur les ge-