Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/283

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alignées et entre-croisées, semble un rude bord d’aiguière ou d’auge calcaire qui, par méprise, enferme une liqueur précieuse.




Contraste étrange quand, en quittant la Bretagne, on approche de Savenay et qu’on trouve la plate et plantureuse plaine de la Loire, prairie verdoyante et humide, tachée à perte de vue de grands troupeaux, et, coulant à pleins bords, le tranquille fleuve qui la nourrit. Puis, à l’approche de Nantes, les maisons, l’aspect de la richesse et du bien-être, les files de vaisseaux ancrés dans la Loire, les quais qui commencent, les magasins, les charbonneries, le pêle-mêle et l’entassement du commerce. Puis la ville elle-même, que le wagon traverse lentement, à peine séparé du quai et des promeneurs par une petite barrière ; et la foule du dimanche, les maisons serrées à six étages, percées de cent fenêtres, les cheminées charbonneuses, le labeur et les inventions d’une ville de cent mille âmes.