Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/288

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l’eau en éparpillant son ondée. Tout à l’entour, les oseraies, les saules font une mystérieuse frange de velours obscur. Il ne reste dans l’air que des rougeurs ou des rousseurs indistinctes, fondues dans l’universelle teinte bleuâtre qui jette sa froideur et son calme sur le vague horizon.


MUSÉE D’ANGERS


J’ai admiré surtout les petits maîtres français du XVIIIe siècle : Lancret, Chardin, Greuze, Watteau ; tous charmants, élégants, fins, d’une touche légère et prompte, la couleur un peu effacée, mais harmonieuse ; — c’est la fleur de la galanterie.

Voyez surtout chez Lancret la facilité, l’agrément avec lequel, dans cette teinte effacée générale, les tons varient incessamment et imperceptiblement, comme une petite brume ensoleillée qui s’évapore. C’est fait avec rien, et d’un caprice infini. Une petite tache rouge