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LE RÉGIME MODERNE


L’acceptation passive de la règle. — Étendue et minutie de la règle scolaire. — Le désir de primer et l’émulation. — Concours incessants et distribution annuelle des prix. — V. Préparation militaire et culte de l’Empereur.

I

À des intervalles fixes, un homme, dans une chambre, rassemble autour de lui des enfants, des adolescents, des jeunes gens, dix, vingt, trente ou davantage ; pendant une heure ou deux, il parle et ils écoutent. Cependant ils sont très proches les uns des autres, ils se voient face à face, leurs coudes se touchent, ils se sentent condisciples, du même âge, occupés de même ; ils sont en société, et de deux façons, entre eux et avec le maître. Par suite, ils vivent sous un statut : toute société a le sien, spontané, ou imposé ; sitôt que des hommes, petits ou grands, sont plusieurs et ensemble, dans un salon, dans un café, dans la rue, ils y trouvent la charte de l’endroit, une sorte de code qui leur prescrit ou interdit tel genre de conduite ; de même à l’école : une règle expresse, jointe à beaucoup de règles tacites, y est observée, et compose un moule dont l’empreinte s’enfonce à demeure dans les esprits et dans les âmes. Quel que soit un enseignement public, que l’objet en soit laïque ou ecclésiastique, qu’il ait pour matière les choses de la religion ou les choses de la science, du plus bas au plus haut de l’échelle, depuis l’école primaire et le catéchisme jusqu’au grand séminaire, aux écoles supérieures et aux Facultés, voilà en