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L’ÉCOLE


échelle, à sa guise, en passant tantôt des branches au tronc, tantôt du tronc aux branches, tantôt d’un rameau lointain à une branche maîtresse et de là au tronc.

Et de plus, grâce à la coordination des enseignements bien classés, il y aura, pour chaque cours, voisinage et proximité de ses tenants et aboutissants naturels ; les jeunes gens, entre eux, pourront en causer et s’enquérir, l’étudiant en sciences morales auprès de l’étudiant en sciences naturelles, celui-ci auprès de l’étudiant en sciences chimiques où physiques, celui-ci auprès de l’étudiant en sciences mathématiques ; plus fructueusement encore, dans chacune de ces quatre enceintes, l’étudiant s’informera auprès de ses condisciples logés à droite ou à gauche dans les compartiments les plus proches, le juriste auprès de l’historien, de l’économiste, du philologue, et réciproquement, de manière à profiter de leurs impressions et de leurs suggestions, à les faire profiter des siennes. Pendant trois ans, il n’aura pas d’autre objet en vue : point de grade à obtenir, aucun examen à subir, nul concours à préparer ; aucune pression extérieure, aucune préoccupation collatérale, aucun intérêt positif, urgent et personnel ne viendra dévier ou étouffer en lui la curiosité pure. De sa poche, il paye quelque chose pour chaque cours qu’il suit ; à cause de cela, il le choisit de son mieux ; il le suit jusqu’au bout, il y prend des notes, il y vient chercher, non des phrases et une distraction, mais des choses et de l’instruction, il en veut pour son argent. On admet que la science est un objet d’échange, une denrée alimentaire,