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L’ÉCOLE


flexion et à la comparaison : tous les souvenirs de la Révolution et de l’ancien régime, telle mention de Kléber ou de Moreau, tel entretien de Sully et de Henri IV ; « un jeu de loto[1] qui familiarise la jeunesse avec l’histoire de son pays », mais qui parle trop « de la famille du grand dauphin, de Louis XVI et de ses tantes » ; le livre général des rêves de Cagliostro et de M. Henri de Saint-Mesmin, « très élogieux pour l’empereur, excellent pour remplir de sa présence l’âme des Français, mais d’où l’on doit retrancher trois rapprochements maladroits que la malveillance ou la sottise auraient pu relever » ; la « traduction en vers français de plusieurs psaumes de David », qui ne sont pas dangereux en latin, mais qui, en français, ont le tort de pouvoir s’appliquer, par coïncidence et prophétie, à l’Église comme souffrante et à la religion comme persécutée ; et quantité d’autres insectes littéraires, éclos dans les bas-fonds de la librairie, presque tous éphémères, rampants, imperceptibles, mais que le censeur, par zèle et par métier, considère comme des dragons redoutables, dont il doit soigneusement briser la tête ou arracher les dents.

À la prochaine couvée, ils seront inoffensifs ; bien mieux, ils seront utiles, et serviront, notamment les almanachs[2], « à rectifier sur beaucoup de points les idées du peuple ; on sera probablement en mesure pour 1812 d’en diriger la composition, et on les rem-

  1. Revue critique, 1er septembre 1870, 142, 146, 149.
  2. Welschinger, 251.